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Football : Le parcours ardu d'Haïti pour la Coupe du monde 2026

Football : Le parcours ardu d'Haïti pour la Coupe du monde 2026

Nation la plus démunie du continent américain, Haïti a récemment obtenu sa qualification pour la Coupe du monde 2026, une performance remarquable attribuable en grande partie aux efforts minutieux de son sélectionneur français Sébastien Migné. Ce dernier a su assembler une équipe solide malgré une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire qui secoue le pays.

"J'ai aperçu des vidéos sur les réseaux sociaux, c'était l'euphorie totale à Haïti, se réjouit l'entraîneur, contacté mercredi par l'AFP. Toute la population était dans les rues. Mes joueurs vont devenir d'excellents représentants pour un pays qui en a désespérément besoin. Haïti n'est pas une destination aisée, avec une population qui endure des souffrances et qui a peu d'opportunités pour célébrer."

Cette qualification arrive dans un contexte de chaos absolu. Le pays, qui partage l'île d'Hispaniola avec la République Dominicaine, est confronté depuis plusieurs années à la violence des gangs criminels responsables d'homicides, d'agressions sexuelles, de vols et de kidnappings, sur fond d'instabilité politique persistante.

La situation s'est encore aggravée au début de l'année 2024, quand les bandes ont forcé la démission du Premier ministre Ariel Henry. Sans élections depuis 2016, le pays est gouverné par un Conseil présidentiel de transition.

Environ 5,7 millions de personnes sont touchées par la malnutrition, plus de 1,4 million d'habitants ont été déplacés en 2025, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants.

Escalade de l'insécurité

L'ONG Médecins sans frontières a dû fermer pour de bon son centre d'urgences à Port-au-Prince en raison de l'augmentation de l'insécurité, et même la météo y contribue : 43 personnes ont perdu la vie à Haïti suite au passage de l'ouragan Melissa en début novembre.

Dans ce climat, la célébration de l'équipe haïtienne sur la pelouse du stade Ergilio Haton à Willemstad, à Curaçao, où se déroulent leurs matchs à l'extérieur, offre un rayon de joie.

À la fin de leur victoire face au Nicaragua (2-0), les joueurs et le staff se sont regroupés au milieu du terrain, les regards rivés sur leurs téléphones pour suivre la fin du match Costa Rica-Honduras (0-0). Un match nul suffisait pour qualifier Haïti à sa deuxième participation à la Coupe du monde, après celle de 1974 en Allemagne.

Ensuite, selon Migné, "Alexandre Pierre, le gardien de remplacement, a crié : +C'est terminé !+, et là l'explosion de joie a été générale, tout le monde s'est embrassé et a couru dans tous les sens". Les joueurs en maillots bleus ont envahi la pelouse, se dirigeant vers les supporters haïtiens dans les gradins.

Devant les multiples obstacles du pays, le sélectionneur a dû former une équipe qui évolue loin de son territoire. En un an et demi, il a "parcouru le monde pour persuader des binationaux de rejoindre le projet".

"Avant de m'engager, je les avais observés, j'avais évalué le potentiel de talents comme Ruben Providence ou Jean-Ricner Bellegarde, précise celui qui a été adjoint de Claude Le Roy. J'ai cherché à les motiver, j'ai challengé les vétérans en les poussant à leurs limites, j'en ai exclu certains. Je pressentais qu'il y avait quelque chose à construire".

"Un effort patient et persévérant"

L'ancien coach du Congo, du Kenya ou de la Guinée Équatoriale a aussi recruté en Ligue 1 l'ailier de l'AJ Auxerre Josué Casimir, "qui s'est joint à nous lors d'un précédent rassemblement".

Pour intégrer tous ces binationaux, "j'ai parfois voyagé, parfois recours aux outils numériques via des appels vidéo, j'ai souvent discuté avec les familles, parfois avec le frère agissant comme agent, cela a représenté un effort patient et persévérant", explique Migné.

D'autres pourraient s'ajouter au projet, attirés par la Coupe du monde, tels que Wilson Isidor (Sunderland) ou Odsonne Édouard (Lens).

Le technicien a également convaincu des anciens revenus en sélection, "comme Leverton Pierre (Vizela, POR) et Stéphane Lambese (Fleury, Nat.)".

"Il a aussi fallu persuader ma fédération d'améliorer certains aspects pour attirer ces joueurs, en particulier la qualité des déplacements et celle du staff médical", ajoute-t-il.

Preuve de l'unicité de cette expérience dans un pays dévasté par la violence et la pauvreté, le coach n'a "malheureusement pas encore pu se rendre" personnellement à Haïti, mais il y découvrira le terrain en janvier pour le coup d'envoi du championnat et repérer des talents locaux. "La population haïtienne espère un geste, nous allons leur prouver que nous sommes présents", assure Migné.