L'entraîneur de l'équipe palestinienne de football guidé par sa mère depuis une tente à Gaza

L'entraîneur de l'équipe palestinienne de football guidé par sa mère depuis une tente à Gaza

Ehab Abou Jazar dirige l'équipe de football palestinienne à Doha. Pourtant, c'est sa mère, installée dans une tente à Gaza en tant que déplacée, qui le pousse en avant, le stimule et lui prodigue ses conseils.

Le conflit à Gaza, lancé par l'assaut massif du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, a stoppé net le championnat de football et les entraînements des clubs dans ce territoire palestinien ravagé. Les sportifs exilés s'inquiètent sans cesse pour leurs proches restés là-bas.

La mère de l'entraîneur, Oum Ehab, refuse que la guerre brise les ambitions sportives de son fils. Elle lui transmet encouragements et astuces par téléphone depuis sa tente à Gaza, où elle s'est réfugiée après la destruction de leur maison familiale, explique-t-il à l'AFP.

Mère et fils communiquent dès que le réseau fonctionne. "Elle et les autres membres de la famille font tout pour suivre nos matchs à la télévision. Ils préparent l'usage du générateur et achètent du carburant à l'avance".

"Elle ne discute que de l'équipe et du tournoi !" plaisante cet homme de 45 ans, résidant à Doha. "Elle s'informe sur les joueurs, sur les titulaires, les absents, elle interroge sur la tactique et l'état d'esprit du groupe".

Ehab Abou Jazar, ex défenseur latéral gauche, veut transmettre cet enthousiasme maternel à ses athlètes.

"Nous répétons souvent que nous formons une petite famille palestinienne" incarnant tout un peuple, précise-t-il. "Ça crée une certaine tension, mais une tension bienfaisante".

La résilience dans les gènes

L'équipe nationale palestinienne occupe la 96e place au classement FIFA. Ses chances de disputer sa première Coupe du monde en juin ont fondu cet été, après un match nul contre Oman en Jordanie.

La plupart des joueurs n'ont jamais foulé le sol de Gaza, mais ils visent les quarts de finale de la Coupe arabe de la FIFA.

Cette dimanche, l'équipe palestinienne rencontre la Syrie pour le dernier match de groupe. Un simple nul lui ouvrirait les portes de la qualification et marquerait un succès historique.

Cela démontrerait que les Palestiniens peuvent briller dans n'importe quel secteur s'ils disposent d'un environnement favorable, espère M. Abou Jazar. Il a rangé ses crampons en 2017 pour devenir sélectionneur national en 2024.

Avec son groupe, il a vécu le drame de Gaza depuis Doha, rongé par l'angoisse pour ses êtres chers, déplacés comme la plupart des habitants de Gaza.

"C'était un fardeau psychologique, surtout au début du conflit", confie-t-il, alors qu'un cessez-le-feu précaire tient à Gaza entre Israël et le Hamas depuis le 10 octobre, sous l'influence du président américain Donald Trump.

"Nous ne saisissions pas ce qui arrivait. Mais la résilience fait partie de notre héritage", affirme l'entraîneur. "Si nous abandonnons, nous risquons de nous effacer comme nation".

Quand l'équipe entre en lice, elle ressent qu'elle offre un souffle d'espoir aux Gazaouis, usés par deux années de guerre.

"C'est cette idée qui nous maintient en vie et nous galvanise, offrir du bonheur à notre peuple", déclare le quadragénaire. "Tout cela nous incite à nous battre sur le terrain jusqu'au bout".