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Football: Griedge Mbock, leader de l'équipe de France et étudiante en psycho

Football: Griedge Mbock, leader de l'équipe de France et étudiante en psycho

La leader de l'équipe de France féminine, Griedge Mbock, âgée de 30 ans, a entamé en septembre un cursus de licence en psychologie tout en poursuivant sa saison avec le PSG, dans le but de se reconvertir en psychologue du sport une fois sa carrière terminée, comme elle l'a confié mercredi lors d'un entretien accordé à l'AFP.

Q: Depuis quand portez vous un intérêt à ces thématiques de santé mentale ?

R: "Tout a commencé en 2020, lors de ma blessure, qui m'a permis de découvrir ce champ d'étude. J'ai réalisé qu'il était regrettable d'attendre une telle épreuve pour s'y confronter. J'ai persisté en collaborant avec des coachs mentaux et des spécialistes en psychologie sportive. Au début de la saison précédente, alors que j'étais immobilisée au PSG à cause d'une entorse syndesmotique à la cheville, j'ai eu l'occasion de méditer sur mon avenir et j'ai décidé de me plonger dans des études de psycho. J'ai discuté avec des experts et j'ai été séduite par leur méthode et leur soutien, ce qui m'a convaincue que c'était ma voie. J'aspire aussi à accompagner les autres dans leur croissance personnelle, leur parcours professionnel et leur transition post carrière".

Q: Pensez vous que ce secteur reste sous développé dans le monde du football ?

R: "Absolument. Pourtant, il s'agit d'un aspect essentiel qui mérite plus d'attention. Au sein de l'équipe nationale, nous bénéficions d'un coach mental, mais cela n'est pas encore généralisé dans l'ensemble des clubs. Il est crucial de se pencher davantage sur la maîtrise des émotions, la gestion des grands rendez vous et la préparation à la vie d'après. Même si l'on est jeune, on ignore ce que l'avenir réserve, comme des blessures imprévues. Je crois qu'il est vital d'anticiper cela, ne serait ce que vaguement, avant qu'un incident majeur ne survienne. On dispose de préparateurs physiques, il en faut autant pour le mental".

Q: Comment conciliez vous cela avec vos engagements au PSG pour valider cette licence ?

R: "Je me suis inscrite à l'université Paris Cité pour une licence en psycho. J'y vais dès que possible, au minimum trois fois par semaine. Je prévois d'étaler la première année sur deux ans afin que cela s'accorde avec mon calendrier sportif. En tant qu'athlète de niveau élite, j'ai un emploi du temps adapté, avec huit heures de travaux dirigés hebdomadaires en présentiel et des conférences que je peux visionner en ligne. Mon programme inclut des statistiques, l'apprentissage via la recherche, la psychopathologie et la psychoclinique. Des examens partiels m'attendent en fin de semestres. Pour exercer comme psychologue du sport, il me faudra ensuite un master de deux ans".

Q: Quel module vous captive le plus à ce stade ?

R: "La psychopathologie, qui explore les troubles pathologiques. Cela aide à nommer les désordres psychiques, à retracer l'évolution de la psycho jusqu'à nos jours et à saisir les mécanismes de l'esprit humain".

Q: Est ce que ces études et cet engouement pour le sujet vous assistent dans votre rôle de capitaine des Bleues ?

R: "J'avais déjà cette curiosité pour décrypter les individus. Je suis observatrice par nature et j'aime analyser le fonctionnement humain. Cette inclination existait bien avant que je n'entame ces cours".

Q: En qualité de capitaine et de passionnée par cette matière, échangez vous plus fréquemment avec le mental coach des Bleues, Thomas Sammut ?

R: "Je converse souvent avec lui, notamment sur la dynamique collective, le rôle de leader, l'harmonisation des énergies et l'alignement du groupe. L'objectif est de libérer le potentiel de chacune, afin que toutes se sentent à l'aise et puissent s'appuyer sur les forces des autres pour cumuler ces atouts et atteindre une performance optimale".

Q: Thomas Sammut souligne que vous ne vous adressez pas assez de compliments mutuels ?

R: "C'est exact, en France, nous sommes quelque peu réservés. Cependant, il est précieux d'exprimer son avis sur autrui. Cela renforce la confiance de la personne concernée, lui procure une satisfaction et l'encourage à s'ouvrir davantage aux autres. C'est un engrenage positif".

Entretiens menés mercredi par Alice LEFEBVRE.